10 janvier 2011

FF Balance et ses vertus

Nous avons vu précédemment, avec les anciennes recherches de Maître Leclerc (article sur la Perception de la lettre et du mot/décembre), qu'il est possible de reconnaître les lettres et donc de lire les mots, en se basant sur la partie supérieure des lettres.
 Maître Leclerc, 1843, 
While You're Reading, Gerard Unger, 
Mark Batty Publisher, 2007, p.70

À ma connaissance, deux typographies ont été dessiné en prenant en compte cette idée : Le FF Balance de Evert Bloemsma, et plus antérieurement encore, l'Antique Olive de Roger Excoffon.

Evert Bloemsma remet en question les principes fondamentaux car il considère qu'il n'y a pas de raisons fonctionnelles dans les proportions classiques des lettres. Il souligne l'importance de la moitié supérieure des lettres de la plupart des caractères et de ce fait, il décide de renforcer cette partie afin d'encourager une meilleure lisibilité.
Ainsi il s'écarte de la répartition traditionnel des proportions dans le dessin de caractère. Et nous pouvons constater ce phénomène en comparant différentes polices entre elles. L'exemple le plus flagrant me semble être avec la lettre o, on peut vraiment noter que la partie supérieure du dessin est très marquée, c'est même sans doute la partie la plus large de la lettre, contrairement au dessin de l'Helvetica ou encore de l'Univers ou les pleins sont légèrement marqués au niveau de la partie verticale et non de la partie horizontale.







Evert Bloemsma était fasciné par les typographies suisses. Il trouvait que les typographies avec empattements étaient obsolètes car elles transportent malgré elles une grande charge de traditions. Ainsi il s'est consacré au dessin de caractère de linéales.
Cela m'amène a une interrogation. Pour un texte courant il est conseillé d'employer une sérif (encore un autre débat) car les empattements ont pour avantage de dessiner une ligne de base virtuelle et remplissent mieux l'espace contrairement aux linéales qui donnent un effet de zébrure et de ce fait, rendent la lecture continue moins fluide (même si ce ne sont pas les seuls paramètres en jeu : l'interlignage, les pleins et les déliés...)
Du coup, pour concevoir une sans sérif, je trouve éventuellement intéressant de mettre l'accent sur les lignes horizontales des lettres sans pour autant doter les caractères de sérifs. Ces lignes horizontales peuvent être un substitut ou du moins un compromis et permettre une lecture plus fluide pour un texte de labeur, en créant un gris plus homogène et un guide pour l'œil. Mais ça reste à prouver en pratique...

 S.

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